[OXFAM] Cash 40 : trop de millions pour quelques hommes

Publié le jeu 02/05/2024 - 10:57

Alors que les travailleurs et travailleuses sont confronté·es à une baisse de leur pouvoir d’achat depuis deux ans, le nouveau rapport d’Oxfam France met en lumière les écarts de rémunération abyssaux au sein du CAC 40 et les rémunérations parfois astronomiques des grands patrons.

En 2022, les PDG du CAC40 ont ainsi gagné en moyenne 130 fois plus que leur salarié.es.

Au sein du CAC 40, le grand écart salarial

Malgré les crises successives, les entreprises du CAC 40 se portent particulièrement bien : entre 2019 et 2022, les bénéfices sont passées de 94,7 à 142 milliards d’euros, les dividendes et rachats d’actions de 60,1 à 92,1 milliards d’euros pour les actionnaires.

Si les richesses produites continuent de croître d’année en d’année, cette redistribution est inéquitable puisqu’elle se fait en défaveur des salarié.es. En 2022, les patron·nes du CAC40 ont gagné en moyenne 130 fois plus que le salaire moyen de leurs entreprises, contre 111 fois plus en 2019.

Certaines entreprises creusent encore davantage les inégalités que d’autres :

  • Téléperformance est l’entreprise qui de loin, a le plus grand écart de rémunération : son PDG, Daniel Julien, a gagné 1453 fois plus que le salaire moyen de son entreprise en 2022.
  • En deuxième position, on retrouve Carrefour, qui a rémunéré son PDG Alexandre Bompard 426 fois plus que le salaire moyen de son entreprise. Ce grand écart s’explique par un très faible salaire moyen de 21 925 euros annuels.
  • Stellantis est sur la troisième marche du podium. En 2022, l’entreprise a rémunéré son PDG Carlos Tavares 21 951 194 millions d’euros, soit 341 fois plus que le salaire moyen.

 

Inégalités salariales : les chiffres-clés

  • En 2022, les PDG du CAC 40 ont en moyenne gagné 130 fois plus que leurs salarié·e·s. Un chiffre en progression depuis 2019, les patrons ayant gagné 111 fois plus en moyenne cette année-là.
  • Entre 2019 et 2022, la rémunération moyenne des PDG du CAC 40 a augmenté de 27 % alors que le salaire moyen au sein de leurs entreprises n’a augmenté que de 9 %.
  • Dans le CAC 40, les PDG hommes ont en moyenne gagné 2,4 fois plus que les PDG femmes, en 2022. Cette année-là, un·e PDG du CAC 40 avait deux fois plus de chance de se prénommer Jean que d’être une femme.
  • En 2022, en moyenne, la rémunération totale des PDG du CAC 40 était indexée à 51 % sur des critères financiers contre 18 % sur des objectifs extra-financiers.
  • Malgré une meilleure prise en compte des critères non-financiers, la rémunération totale des patrons du CAC 40 en 2022 était indexée à 19 % sur la satisfaction des actionnaires, contre seuls 5,8 % sur les objectifs climatiques
  • En 2022, les entreprises du CAC 40 ont versé en moyenne 76 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires.

Des inégalités de genre jusque dans les hautes sphères du CAC 40

Notre étude montre également une grande disparité et de fortes inégalités salariales entre les femmes et les hommes qui dirigent les entreprises du CAC 40. En 2022, les hommes PDG du CAC 40 ont gagné 2,4 fois plus que les femmes PDG du CAC 40, soit dix fois l’écart moyen dans l’ensemble du secteur privé en France.

Ces écarts de rémunérations se vérifient tout particulièrement au sommet des grandes entreprises. En effet, 7 entreprises du CAC 40 sur 10 n’ont pas plus de 3 femmes parmi leurs 10 salarié·es les mieux payé·es.

Par ailleurs, vous aviez en 2022 plus de chance d’être PDG d’une entreprise du CAC 40 en vous appelant Jean qu’en étant une femme : il n’y avait en effet que deux femmes PDG d’une entreprise du CAC40, tandis que quatre PDG portaient le prénom Jean.

Actionnaires et PDG : une relation toxique

Si les rémunérations des dirigeants sont à des niveaux si élevés et continuent d’augmenter malgré les crises inflationnistes, c’est parce que le cadre de gouvernance des entreprises le permet.

La gouvernance de la plupart des entreprises du CAC 40 fonctionne en effet de telle manière que les actionnaires décident des rémunérations des dirigeant·e·s. Le modèle des grandes entreprises est donc avant tout basé sur l’entre-soi et sur la satisfaction sans limite des actionnaires, au détriment de l’investissement, l’emploi et de la transformation écologique.

Pour comprendre cette relation toxique, Oxfam France a analysé la structure de rémunération des 40 PDG en 2022, et l’a comparée à celle qu’Oxfam avait réalisé en 2019. En moyenne en 2022, 51 % de la rémunération totale était basée sur des critères financiers, dont 19 % visant à satisfaire l’intérêt actionnarial. A l’inverse, seuls 18 % de la rémunération totale des patrons du CAC 40 était basée sur des critères non financiers, dont 5,8 % portaient sur le climat.

Nos recommandations

Pour une entreprise plus durable et une réduction des inégalités salariales, Oxfam France appelle à mettre en place les mesures suivantes :

  • Imposer, dans un premier temps, un salaire maximum en garantissant un écart maximum de rémunération de 1 à 20 entre le salaire du ou de la dirigeant·e et le salaire médian de l’entreprise.
  • Garantir un salaire décent sur l’ensemble de la chaîne de valeur
  • Accélérer les efforts en matière de réduction des écarts de salaires entre les femmes et les hommes
  • Revoir en profondeur la structure de rémunération financière et court-termiste des PDG des grandes entreprises

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